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50 ans de relations sino-européennes

Discours du M. Pan Consul Général de Chine à Strasbourg

Le Consul Général de Chine à Strasbourg, Pan Yumin, a échangé avec la CCI d'Alsace et des entrepreneurs au sujet des relations sino-européennes.

Voici le contenu du discours du M. Pan :

Cette année marque le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l'Union européenne. C’est un moment charnière pour ouvrir de nouveaux horizons. Le 24 juillet, le Président du Conseil européen António Costaet la Présidente de la Commission européenne Ursula vonder Leyen se rendront en Chine pour un nouveau sommet sino-européen. Nous deux parties ferons le bilan approfondi du développement de noss relations, planifierons ensemblelacoopération pour les 50 prochaines années, et travaillerons main dans la main à ouvrir un avenir plus radieux au partenariat stratégique global Chine-UE.

En 50 ans, la coopération sino-européenne a porté ses fruits dans de différents domaines. La Chine est le seul grand pays à avoir établi avec l’UE un cadre de coopération globale, axé autour de sommets de dirigeants. On a de dialogues dehaut niveau dans les domaines stratégique, économique, climatique, numérique et culturel. En 50 ans, nos échanges commerciaux annuels sont passés de 2,4 à 785,8 milliards de dollars – soit une multiplication par plus de 300. Aujourd’hui, un seul jour d’échanges équivaut à une année entière d’autrefois. Nos investissements croisés, quasi inexistants au départ, atteignent désormais près de 260 milliards de dollars. Nous menons aussi une coordination efficace et fructueuse dans la lutte contre le changement climatique. La coopération sino-européenne profite à nos 2 milliards d’habitants et contribue à la stabilité et à la prospérité mondiales.

Mais depuis quelque temps, j’entends des voix pessimistes de la part du coté européen qui occultent délibérément les immenses bénéfices qu'ils tirent des relations économiques sino-européennes, masquant la nature gagnant-gagnant de notre coopération et sa réalité globale, tout en exagérant artificiellement nos divergences – freinant ainsi le développement normal de nos relations commerciales.

Premier point : le déséquilibre commercial entre la Chine et l’UE et l’accès difficile au marché chinois.

La situation actuelle résulte de facteurs macroéconomiques, de conditions commerciales internationales et des structuresindustrielles des deux parties. On ne peut rejeter la responsabilité sur une seule partie ou invoquer simplement l’accès aux marchés. La Chine multiplie d’ailleurs les efforts pour augmenter ses importations, et son excédent commercial avec l’UE diminue ces dernières années.

En matière d’accès aux marchés, la Chine s’aligne activement sur les normes internationales, élargit son ouverture et améliore sa gestion des investissements étrangers. Nos droits de douane moyens sont tombés à 7,3 %, la liste négative d’investissement est passée de 190 à 29 items, et le secteur manufacturier est entièrement ouvert. Les investisseurs européens profitent pleinement de l’immense marché chinois, de son écosystème industriel complet et de ses solides capacités d’accompagnement. Des entreprises comme Volkswagen, Mercedes (Allemagne) ou CMA CGM(France) y ont connu un grand succès.

Les entreprises européennes en Chine profitent largement du commerce sino-européen : 40 % de leurs exportations sont destinées à l’UE, et une grande partie de l’excédent commercial chinois revient finalement à ces sociétés. L’UE maintient aussi un excédent de services avec la Chine, atteignant 50,358 milliards de dollars en 2024.

En plus, le protectionnisme européen est un facteur clé du déséquilibre commercial. L’UE restreint ses exportations de produits high-tech comme les machines à lithographie vers la Chine, tandis que ses consommateurs subissent de lourds droits de douane sur les voitures électriques chinoises – ce qui creuse son déficit.

Deuxième point : les subventions publiques et la sur capacité dans les énergies nouvelles chinoises.

D’abord, la politique chinoise de subventions est équitable, transparente et s’applique également aux entreprises étrangèresen Chine. Ces aides visent principalement la R&D et la consommation, sans lien avec les exportations, et ne constituent pas des subventions interdites par l’OMC. Les produits chinois entrent en Europe grâce à leurs avantages comparatifs, la demande du marché et l’efficacité de nos chaînes industrielles–non par la grâce des subventions.

Ensuite, parler de surcapacité est un non-sens. La demande mondiale en véhicules électriques devrait atteindre 45millionsd’unités en 2030, soit 4,5 fois plus qu’en 2022 : L’offre actuelle est encore loin de couvrir les besoins, et parler de surcapacitén’a aucun sens. 90% des véhicules électriques chinois sont vendus localement ; seuls 10% sont exportés, représentant 5% du marché européen. Si cela constitue une surcapacité, alors Airbus (50 % du marché chinois) ou le luxe français (35%) devraient être encore plus concernés !

Troisième point : les contrôles à l’exportation des terres rares.

Ces contrôles ne visent pas l’Europe. Les terres rares ayant des usages civils et militaires, leur gestion relève à la fois de notre souveraineté et d’une responsabilité internationale pour la paix mondiale.

Les besoins normaux de l’Europe seront satisfaits si elles respectent nos règles. Nous avons même créé une «voie rapide» pour les entreprises européennes. En revanche, les restrictions européennes sur les puces et machines à lithographie nuisent gravement à la stabilité des chaînes d’approvisionnement.

Quatrième point : la déviation commerciale.

Certains craignent que les droits de douane américains contre la Chine n’inondent le marché européen de produits chinois. Cette crainte est infondée.

1. La Chine (2ᵉ marché de consommation mondial) absorbera l’essentiel via sa politique de stimulation de la demande intérieure. Entre 2017 et 2024, la part des exportationschinoises vers les États-Unis a chuté de 4,3 points, tandis que celle vers l’UE n’a augmenté que de 0,5 point, ça preuve qu’il n’a pas eu de déviation commerciale.

2. Il faut regarder ce changement dans la reconfiguration commerciale mondiale. De 2017 à 2024, les exportations européennes ont comblé le vide laissé par la Chine aux États-Unis, tandis que les parts de marché abandonnées par les Américains ont profité aux exportations européennes vers la Chine.

3. Nos produits d’exportation sont largement complémentaires. Pour l'UE, les produits les plus vulnérables aux perturbations sont les équipements électriques et électroniques ainsi que leurs composants. Or en 2023, près de la moitié des exportations chinoises vers les États-Unis dans cette catégorie étaient constituées de smartphones et de batteries lithium-ion. Pourtant, l'UE ne produit quasiment aucun smartphone, et sa part dans la fabrication de batteries reste limitée. Par conséquent, même en cas de déviation commerciale, l'impact sur les industries locales européennes demeurerait très limité.

Malgré les différences historiques, culturelles et institutionnelles entre la Chine et l’UE, le respect mutuel de nos choix de développement nous permettra de progresser ensemble par la coopération. Le monde change, mais le fait que la coopération sino-européenne l'emporte nettement sur laconcurrence, les convergences surpassent largement lesdivergences, les opportunités dépassent de loin les risquesdemeure ; le fait que la Chine et l’UE soutiennent toutes deux le multilatéralisme et l’ouverture demeure. La Chine et l’UE constituent 1/3 du PIB mondial et 1/4 du commerce mondial. Si nous choisissons le dialogue, aucune confrontation de blocs n’adviendra ; si nous optons pour une ouverture gagnant-gagnant, la mondialisation économique ne sera pas inversée.

Nous espérons que l’Europe œuvrera avec nous, fidèle à l’esprit de notre établissement des relations, à renforcer le partenariat, gérer nos différences et écrire ensemble de nouveaux chapitres de réussite partagée.